La centrale hydroélectrique d’Avrieux – Un siècle d’énergie et d’histoire alpine
La centrale hydroélectrique d’Avrieux – Un siècle d’énergie et d’histoire alpine

1917 – En pleine Première Guerre mondiale, commence la construction de la centrale hydraulique d’Avrieux, à l’initiative des Manufactures de glaces et produits chimiques de Saint-Gobain. Objectif : alimenter en électricité l’usine de Modane travaillant pour la Défense nationale, mais aussi éclairer le village d’Avrieux et favoriser la mobilité avec le développement de l’électrobus dans la vallée.
Retardée par une crue et un tassement de terrain, la centrale entre finalement en service le 1er avril 1923, livrant ses premiers kilowatts via une ligne de 10 000 Volts.
C’est la plus ancienne centrale du Groupement d’Usines du Mont Cenis.
Une école centrale
Située au débouché des gorges de l’Esseillon, la centrale reçoit l’eau de l’Arc grâce au barrage mobile de Bramans, dérivant le flux vers sa conduite forcée. Depuis 2004, ce barrage est équipé d’une passe à poissons.
L’installation d'origine comportait 5 groupes horizontaux à turbine Francis.
Aujourd’hui, seuls 3 groupes restent en service – les 2 autres ayant été arrêtés en raison d’une baisse de débit due à l’entrée en service de l’aménagement du Mont Cenis. Ces groupes sont pilotés automatiquement, et surveillés à distance depuis l’usine EDF de Villarodin.
La centrale est aussi un lieu de formation pour les nouveaux agents EDF, qui s’y familiarisent avec les équipements, y compris les groupes à l’arrêt.
Chiffres clés :
* Début des travaux : 1917
* Hauteur de chute : 107,3 mètres
* Puissance installée : 11,4 MW
* Production annuelle moyenne : 30,6 GWh → Cela représente la consommation électrique de 12 600 habitants, soit environ 32 fois la population d’Avrieux
* Émissions évitées : 10 tonnes de CO₂/an
Un patrimoine vivant
Propriété de Saint-Gobain à l’origine, la centrale fut sabotée par les Allemands en 1944 lors de leur retraite. Elle sera rapidement reconstruite et redémarre en 1945, avant d’être nationalisée en 1946 et confiée à EDF.
À ses côtés, d’autres centrales racontent aussi l’histoire du développement hydroélectrique en Haute Maurienne :
* Aussois (1945-1956)
* Villarodin (1963-1968)
* Combe d’Avrieux (mise en service en 1975)
Un siècle après sa création, la centrale d’Avrieux reste un pilier du patrimoine industriel et énergétique de la vallée, témoin de l’ingéniosité humaine et de l’évolution des usages de l’eau en montagne.
Pour prolonger cette plongée dans l’histoire locale, ne manquez pas cet article : Avrieux-Bramans : chronique d’un ravitaillement interdit https://lanormattitude.com/avrieux-bramans-chronique-dun...et qui évoque cette histoire : Pendant la Seconde Guerre mondiale, une ligne de démarcation entre Avrieux (France occupée) et Bramans (zone italienne) entraînait une forte inégalité de ravitaillement, avec Bramans largement approvisionnée par l’Italie tandis qu’Avrieux souffrait de pénuries. Pour contourner les contrôles douaniers, des agents de la centrale hydroélectrique mirent en place un système clandestin de transfert de vivres via une galerie souterraine reliant les deux communes. (Photo de 1922 – Ouvrier sur la conduite forcée en construction, surplombant le village)